Le géant américain Tesla, dirigé par Elon Musk, pourrait faire face à sa plus grande crise en Chine depuis son arrivée sur le marché asiatique. Des sources proches du ministère chinois de l’Industrie ont révélé que Pékin envisagerait sérieusement de restreindre voire de suspendre partiellement les activités de la gigafactory Tesla à Shanghai, citant des préoccupations liées à la sécurité nationale, à la concurrence stratégique, et surtout à la montée fulgurante de son rival local : BYD.

Tesla en territoire instable
Depuis son ouverture en 2019, la gigafactory de Shanghai s’est imposée comme un pilier de la production mondiale de Tesla. En 2024, elle représentait près de 50 % des véhicules Tesla livrés à l’échelle internationale. Mais aujourd’hui, ce fleuron industriel est sur la sellette.
Selon plusieurs analystes, le gouvernement chinois chercherait à rééquilibrer le marché intérieur en favorisant les entreprises locales au détriment des acteurs étrangers, en particulier dans les secteurs stratégiques comme celui des véhicules électriques (VE). Et dans cette nouvelle stratégie, BYD — “Build Your Dreams” — est clairement le cheval gagnant.
La montée irrésistible de BYD
BYD, soutenu par de puissants fonds publics chinois, a doublé ses ventes en seulement 12 mois. L’entreprise a conquis non seulement les grandes métropoles chinoises, mais aussi les marchés d’exportation en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et même en Europe.
En avril 2025, BYD a dépassé Tesla en termes de parts de marché globales sur les VE — un tournant symbolique qui a été célébré par la presse d’État chinoise comme une victoire du « génie industriel national ».
Pour couronner le tout, de nouvelles subventions exclusives accordées par le gouvernement chinois à BYD ont été révélées cette semaine, notamment des réductions fiscales et des aides à l’exportation. Pendant ce temps, Tesla fait face à des contrôles réglementaires renforcés, notamment sur la collecte de données et la chaîne d’approvisionnement.
Sécurité nationale ou stratégie économique ?
Officiellement, les autorités chinoises affirment que les restrictions imposées à Tesla sont motivées par des “préoccupations de cybersécurité”. Des rapports ont évoqué l’utilisation des véhicules Tesla pour collecter des données sensibles à proximité de sites gouvernementaux ou militaires.
Mais pour de nombreux observateurs, cette justification masque une volonté politique claire : réduire la dépendance aux entreprises étrangères et ériger des champions industriels chinois, à l’image de ce qu’a accompli la Chine dans le secteur des télécoms avec Huawei.
Elon Musk sous pression
Elon Musk, habituellement confiant, n’a pour l’instant pas commenté publiquement cette affaire. Mais des sources proches du dossier évoquent une forte pression diplomatique en coulisses. Tesla aurait déjà entamé des négociations avec le gouvernement chinois pour maintenir la production à Shanghai, voire relocaliser certaines activités vers l’Inde ou le Mexique en guise de plan B.
Certains investisseurs commencent à s’inquiéter. L’action Tesla a chuté de 7 % en Bourse suite aux premières rumeurs, et les marchés redoutent un conflit commercial entre la Chine et les États-Unis dans le secteur des véhicules électriques.
L’avenir des VE en jeu ?
Cette crise souligne à quel point la transition vers les véhicules électriques n’est pas seulement une affaire de technologie ou d’écologie, mais aussi de géopolitique industrielle.
Si Tesla perd son ancrage en Chine, cela pourrait freiner sa domination mondiale et ouvrir la voie à une nouvelle ère où la Chine dicterait les règles du jeu mondial dans le secteur automobile, tout comme elle l’a fait dans les domaines des panneaux solaires et des batteries.
Conclusion : une guerre froide électrique ?
Tesla vs BYD, Musk vs Pékin — plus qu’une rivalité industrielle, c’est un affrontement de visions du monde qui se joue à Shanghai. Une chose est sûre : l’équilibre global du marché des véhicules électriques pourrait basculer dans les mois à venir.