Un cercueil improvisé de coquillages et de bois de cerf : la tombe vieille de 6 500 ans des malheureuses dames de Téviec.

Téviec serait une île plutôt anonyme située quelque part en Bretagne, en France, si elle n’était pas de grande valeur archéologique grâce aux nombreuses découvertes – principalement de la période mésolithique – qui y ont été faites. Parmi ces découvertes figurent les squelettes de deux femmes, datées entre 6740 et 5680 av. J.-C., qui auraient été violemment assassinées.

Les archéologues placent Téviec sur la carte du Mésolithique

Téviec est l’un des rares sites mésolithiques connus en Bretagne, avec la Pointe de la Torche, Hoëdic et Beg er Vil sur la Quibe. Il fait l’objet d’un plan de protection de biotope depuis 35 ans. Le débarquement sur l’île est donc devenu une tâche délicate pour les archéologues contemporains, puisqu’il est généralement interdit du 15 avril au 31 août.

Mais ce ne fut pas toujours le cas. Entre 1928 et 1934, les archéologues Marthe et Saint-Just Péquart découvrirent et fouillèrent sur l’île un site mésolithique d’une grande richesse culturelle et archéologique, daté entre 5700 et 4500 av. J.-C. Selon la plupart des historiens, cette période est considérée comme la fin de la période mésolithique dans l’ouest de la France et coïncide avec le début de la période néolithique.

Les principales découvertes sur le site sont des amas de coquillages d’huîtres et de palourdes et dix tombes multiples contenant 23 squelettes, dont des adultes et des enfants. Parmi les coquillages se trouvaient également des restes d’animaux, tels que des chiens, des crabes, des poissons, des homards, des oiseaux de mer, des cerfs et des sangliers, entre autres. En raison de l’acidité du sol de l’endroit, les os ont été remarquablement préservés, même si de nombreux squelettes présentaient des signes évidents de brutalité et de violence, notamment l’un d’eux avec une pointe de flèche incrustée dans la colonne vertébrale.

Les malheureuses dames de Téviec

Mais la découverte la plus fascinante et mystérieuse de toutes est sans doute celle des squelettes de deux femmes âgées de 25 à 35 ans, surnommées les « Dames de Téviec ». Leurs corps ont été délicatement enterrés dans une fosse en partie creusée dans le sol et recouverte de débris de dépotoir. Les corps avaient été protégés pendant des siècles par un toit en bois de cerf et pourvus de morceaux de silex, d’os de sanglier et de bijoux en coquillages marins tels que colliers, bracelets et boucles pour les jambes. L’ensemble des objets funéraires a été exhumé du site dans son intégralité et est aujourd’hui exposé au Muséum de Toulouse, où sa restauration en 2010 a été récompensée à plusieurs reprises.

Ce qui a le plus choqué les archéologues, c’est la violence et la brutalité flagrantes dont les deux femmes ont été victimes avant de mourir. Les scientifiques qui ont examiné les squelettes ont conclu que l’une d’elles avait reçu cinq coups à la tête, dont deux probablement mortels, et qu’elle avait également reçu au moins une flèche tirée entre les yeux. L’autre corps présentait également des traces de blessures, mais pas aussi violentes que le corps de son « amie ». Ces dernières années, ce diagnostic a cependant été remis en question par certains archéologues, qui affirment que le poids énorme du sol au-dessus de la tombe pourrait avoir été la cause des dommages causés aux squelettes. Une question évidente se pose probablement à la lecture de ces lignes : comment le poids et la composition d’un sol, aussi lourd soit-il, pourraient-ils justifier une flèche tirée entre les yeux ? Cela n’a aucun sens, n’est-ce pas ?

Une affaire très froide : tentatives pour résoudre le mystère de Téviec près de 6 500 ans plus tard

En 2012, des répliques des deux squelettes ont été déposées pour la première fois sur une dalle mortuaire du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, lors d’une exposition intitulée Préhistoire : l’enquête, qui a connu un grand succès en France.

« Quand on crée une exposition, il faut créer une atmosphère et beaucoup d’émissions de télévision parlent de CSI et de médecine légale et elles commencent toujours par une table de médecine légale – et la voici », explique le Dr Francis Duranthon, directeur du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, en montrant la dalle mortuaire.

Dans la seule ville de Toulouse, plus de cent mille personnes ont visité l’exposition, tandis qu’à Paris, deux cent mille personnes ont suivi de près la tentative des scientifiques de résoudre ce mystère préhistorique.

L’analyse isotopique des dents des deux femmes a révélé que leur régime alimentaire était composé de fruits de mer et de viande. Les scientifiques ont donc émis l’hypothèse que les deux femmes venaient peut-être d’une petite communauté qui pratiquait l’agriculture, la pêche et la chasse. L’exposition a également révélé qu’il s’agissait probablement d’une communauté où les femmes remplissaient un rôle plus domestique. « Il est inhabituel de trouver des femmes tuées de cette façon à cette époque », a déclaré Duranthon, ajoutant : « Ce que nous savons, c’est qu’au moins deux personnes ont été impliquées dans ces meurtres. »

Selon plusieurs universitaires, les raids pour voler de la nourriture étaient assez courants à l’époque et ils suggèrent que les deux malheureuses femmes auraient pu être victimes d’un raid sanglant. Cependant, certains historiens affirment que ce qui a pu tuer les femmes était une longue série de phénomènes météorologiques malheureux. À l’époque, les sécheresses décimaient généralement une communauté agricole, tandis qu’une tempête de grêle extrême détruisait les récoltes, et les gens interprétaient ces phénomènes comme des signes indiquant que les dieux devaient être apaisés. Ainsi, les deux femmes auraient pu être sacrifiées comme victimes d’un meurtre rituel, tuées par des personnes qu’elles connaissaient – ​​ou même des membres de leur famille.

Alors, que sont devenues les « Dames de Téviec » ? Comme c’est le cas de nombreux mystères historiques au fil des siècles… Nous ne le saurons probablement jamais

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