Le mouvement MotoGP a été bouleversé par un événement marquant : Yamaha, le constructeur le plus prestigieux de la discipline, a interrompu les essais de son séduisant V4, après un investissement de 300 millions de dollars dans son programme de développement. Cette décision fait suite à de graves allégations du PDG de Ducati, Gigi Dall’Igpá, qui accusait Yamaha de pratiques illégales lors du développement du logiciel moteur. L’accident, survenu quelques jours après une séance d’essais privés à Vale en juillet 2025, a provoqué une vive émotion dans le paddock, laissant les équipes, les fans et les professionnels du secteur s’interroger sur l’avenir de la campagne MotoGP de Yamaha.
Le passage de Yamaha au moteur V4, abandonnant son traditionnel quatre cylindres en ligne, était considéré comme une étape cruciale pour combler l’écart de performance avec ses rivaux dominants tels que Ducati, Aprilia et KTM, qui utilisent tous des moteurs V4. Le projet, mené par Massimo Bartoli, PDG de Ducati, et soutenu par Luca Marmori, consultant moteur en F1, était à un stade avancé depuis 2024, le pilote d’essai Augusto Ferradez ayant imposé des retours lors des séances de Misano et de Valenciennes. Le V4 devait faire ses débuts en tant que wildcard en 2025, l’intégration complète étant prévue pour la saison 2026, parallèlement au partenariat élargi de Yamaha avec l’équipe satellite Pramac. Cependant, les accusations de Dall’Igpa d’avoir brutalement interrompu le programme soulèvent des questions quant à sa conformité avec le règlement technique strict du MotoGP.
Selon des sources proches du paddock, Dall’Iga a affirmé que le processus de développement du V4 de Yamaha violait les règles d’homologation du MotoGP, notamment l’utilisation de composants homologués lors des essais. Bien que la nature exacte des irrégularités présumées reste floue, ces allégations font écho à la décision prise en 2020, lorsque Yamaha a été sanctionné pour avoir utilisé des soupapes homologuées dans ses moteurs. Cette erreur, attribuée à une « lacune », a été critiquée par Paolo Ciabatti, alors directeur de Ducati, qui l’a qualifiée de « danger antérieur ». La décision de 2020 a vu Yamaha perdre des points et des coûts, mais a épargné ses pilotes, suscitant des débats sur l’application du règlement. Les accusations de Dall’Iga, formulées lors d’une conférence de presse après le Grand Prix de Brÿ, laissaient entendre que Yamaha aurait pu coopérer avec les protocoles pour accélérer son programme V4, obtenant potentiellement un avantage concurrentiel.
La réponse de Yamaha a été rapide et décisive. Paolo Pavesio, qui a officiellement pris ses fonctions de directeur général de Yamaha Motor Racing le 1er janvier 2025, a déclaré publiquement avoir commis toutes ces fautes, mais a annoncé l’approbation immédiate des tests V4 afin de garantir la conformité avec la réglementation MotoGP. La décision d’annuler l’investissement de 300 millions de dollars, qui comprenait le recrutement d’ingénieurs de haut niveau et l’agrandissement des installations d’essais, a stupéfié les observateurs, compte tenu de la détermination de Yamaha à retrouver sa compétitivité après une saison 2023 victorieuse et une saison 2024 difficile. Le pilote vedette de Yamaha et champion 2021, Fabio Quartararo, a exprimé sa frustration, mais s’est abstenu de formuler de telles allégations, se contentant de déclarer que l’équipe restait concentrée sur l’amélioration de la M1 actuelle.
Les retombées ont suscité un débat houleux sur des plateformes comme X, où l’indignation et les critiques se sont exprimées. Certains affirment que les accusations de Ducati s’inscrivent dans une stratégie visant à déstabiliser le redressement complet de Yamaha, notamment après la solide performance de Qartararo aux essais de Sepang en début d’année. D’autres estiment que la décision de Yamaha d’interrompre le programme reflète sa prudence pour éviter de nouvelles sanctions, compte tenu notamment de son historique d’abus réglementaires. Les analystes du secteur suggèrent que les conséquences financières de l’abandon du projet V4 pourraient grever les ressources de Yamaha, d’autant plus qu’elle collabore avec l’équipe nationale de huit pilotes de Ducati et se prépare à l’ère des moteurs 850 cm³ d’ici 2027. Le timing de cette collaboration est particulièrement préjudiciable pour Yamaha, qui misait sur le V4 pour restaurer son statut de puissance en MotoGP. Avec seulement 133 points au classement 2025, derrière la 430 de Ducati, les difficultés de Yamaha en piste ont été aggravées par des défis hors piste. L’arrivée de pilotes expérimentés comme Jack Miller et Miguel Oliveira au sein de l’équipe Pramac-Yamaha devait fournir des données précieuses, mais la suspension du V4 pourrait retarder les progrès. Pendant ce temps, Ducati tente de dominer le peloton, Marc Márqυez et Fracesco Bagpaia dominant les dernières courses. Alors que la saison MotoGP touche à sa fin, la FIM, l’instance dirigeante du sport automobile, n’a pas encore reçu de demande officielle pour les distinctions de Dall’Iga. Yamaha se trouve à un tournant crucial : maintenir la coopération des régulateurs et des facilitateurs et combler son retard de performance. Pavesio s’est engagé à coopérer pleinement sur tous les points, insistant sur la transparence et la garantie d’une compétition équitable. Pour l’instant, le paddock surveille la situation de près, se demandant si Yamaha parviendra à se remettre de ce revers ou si les victoires de Ducati marqueront sur son circuit MotoGP.