Dans le monde de la boxe de haut niveau, les séances de sparring révèlent parfois des vérités que le grand public ne voit jamais. J’ai partagé le ring avec de nombreux champions, mais un souvenir me hante encore : Oleksandr Usyk m’a mis K.O. net lors d’une session d’entraînement.

C’était rapide, précis, et surtout humiliant — un de ces moments qui vous obligent à remettre en question tout ce que vous croyez savoir sur la boxe. Pourtant, malgré ce que j’ai vécu face à ce maître du ring, je suis convaincu que Daniel Dubois peut le battre. Et cette conviction repose sur deux raisons essentielles.

Le génie d’Usyk — et ses limites

Commençons par l’évidence : Oleksandr Usyk est un talent générationnel. Son jeu de jambes est exceptionnel, son timing est parfait, et sa gestion de la distance frôle la perfection. Le jour où il m’a mis au tapis, ce n’était pas à cause de sa puissance, mais à cause de sa lecture du combat. Il m’a attiré, feinté, et frappé au bon moment.

Mais aucun boxeur n’est invincible. Usyk a maintenant 37 ans, et même les meilleurs finissent par sentir le poids des années. Son intelligence de combat reste intacte, mais ses réflexes ralentissent légèrement, et son souffle commence à montrer des signes de fatigue.

Et c’est là que Daniel Dubois entre en scène.

Raison n°1 : Jeunesse, puissance et pression constante

Daniel Dubois n’a que 27 ans — soit dix ans de moins qu’Usyk. Et cela compte énormément dans une catégorie aussi brutale que les poids lourds. La jeunesse, c’est plus d’explosivité, une meilleure récupération, et une forme de témérité que les vétérans perdent avec le temps. Dubois a déjà connu des revers, notamment sa défaite contre Joe Joyce, mais il a appris de ses erreurs.

Aujourd’hui, il est plus patient, plus technique et plus affamé. Ce qu’il apporte — que Usyk n’a pas encore affronté chez les poids lourds — c’est une puissance brute, combinée à une pression constante. Contre Anthony Joshua, Usyk a réussi à dominer un adversaire plus massif, mais Joshua a manqué de férocité.

Dubois, lui, ne commettra pas cette erreur. Son jab est lourd, capable de perturber le rythme d’Usyk. Et s’il réussit à le coincer contre les cordes, ses crochets au corps et sa droite lourde peuvent faire basculer le combat.

Raison n°2 : Les difficultés d’Usyk face aux gros frappeurs

Il faut être honnête : l’ascension d’Usyk chez les poids lourds n’a pas été sans accroc. Contre Derek Chisora, il a été gêné par le volume de coups et la pression constante. Face à Joshua, il a encaissé plusieurs frappes nettes — et si ces coups étaient venus d’un boxeur comme Dubois, le résultat aurait pu être tout autre.

Usyk est un maître technicien, mais il n’est pas un poids lourd naturel. Il ne possède ni la masse musculaire pour absorber des frappes puissantes à répétition, ni le punch nécessaire pour dissuader les gros cogneurs. Dubois, lui, peut se permettre de prendre quelques coups pour en placer un. Et croyez-moi, ce « un » pourrait suffire.

Le moment le plus risqué pour Usyk, ce sont les rounds du milieu, quand les jambes ralentissent et que les ouvertures commencent à apparaître. Si Dubois exploite cette fenêtre, un seul coup bien placé pourrait tout changer.

Conclusion

Rien de ce que je dis ici ne vise à diminuer l’héritage d’Oleksandr Usyk. Il est une légende vivante, champion incontesté chez les cruiserweights, et un technicien exceptionnel chez les lourds. Mais la boxe, ce n’est pas que le talent — c’est aussi une question de timing.

Et aujourd’hui, le timing joue en faveur de Daniel Dubois.

J’ai senti la précision d’Usyk, j’ai goûté à sa vitesse et à sa stratégie. Mais j’ai aussi vu de mes propres yeux ce que Dubois est en train de devenir : un monstre de puissance, plus mature, plus discipliné, et prêt à écrire sa propre histoire.

Alors oui, si ce combat a lieu, ne soyez pas surpris si l’icône invaincue finit par tomber.

Car parfois, la jeunesse, la puissance et la faim suffisent à renverser une légende.