🎬 Coriolanus (2011)

Les débuts de réalisateur de Ralph Fiennes, * Coriolanus * (2011), transforment la tragédie moins connue de Shakespeare en un thriller politique viscéral et moderne sans sacrifier la puissance linguistique de l’original. Situé dans une Rome pseudo-contemporaine déchirée par la guerre ressemblant à une zone de conflit des Balkans, le film échange des toges pour les fatigues et les chambres du Sénat pour les salles de guerre granuleuses, ancrant l’histoire dans une réalité qui se sent à la fois intemporelle et urgente. Fiennes, qui joue également le titre de Caius Martius Coriolanus, offre une performance d’intensité brute, incarnant un guerrier dont la fierté et le dédain inflexibles pour les masses mènent à sa chute.

Le récit suit Coriolanus, un général romain vénéré pour son héroïsme du champ de bataille mais injurié par son mépris envers les gens ordinaires. Après une campagne victorieuse contre les Volscians, dirigée par son ennemi juré Aufidius (Gerard Butler), les machinations politiques le forcent dans l’arène publique, où son incapacité à apaiser les Plébeiens étimule la trahison et l’exil. L’adaptation de Fiennes se penche fortement sur la tension entre l’honneur personnel et les attentes sociétales, une dynamique qui résonne dans les climats polarisés d’aujourd’hui. Le scénario, écrit par John Logan, coupe le texte de Shakespeare mais conserve sa poésie musculaire, délivrée avec conviction par un casting stellaire.

Coriolanus de Fiennes est une étude en contradiction: un homme d’immense courage physique mais émotionnellement ralenti, fidèle à ses idéaux patriciens mais aveugle à leur coût. Ses scènes avec Vanessa Redgrave, qui joue sa mère dominatrice volumnia, crépite de la profondeur psychologique, révélant les racines de sa rigidité. La performance de Redgrave est une masterclass, sa volumnia se nourrissant et manipulatrice, une force qui façonne et finit par défaire son fils. Aufidius de Butler, quant à lui, apporte un charisme robuste, sa rivalité avec Coriolanus teintée de respect à contrecœur et d’affinité tacite, aboutissant à une confrontation qui se sent plus tragique que triomphante.

Visuellement, * Coriolanus * est austère et sans faille. Le directeur de la photographie Barry Ackroyd emploie des caméras portables et des palettes en sourdine, capturant le chaos de la guerre urbaine et la froideur de l’intrigue politique avec un grain égal. La Rome du film, une ville de béton et de sang, reflète la désolation interne de son protagoniste. La direction de Fiennes évite les gadgets, laissant le drame inhérent de l’histoire conduire le rythme, bien que certains puissent trouver l’intensité implacable drainant. La décision de moderniser le cadre – avec les actualités et l’équipement anti-émeute – amplifie la pertinence de la pièce, mettant en évidence les cycles de pouvoir, le populisme et la trahison qui résonnent au fil des siècles.

À la base, * Coriolanus * est une méditation sur le coût de l’authenticité dans un monde qui demande des compromis. Il demande si un homme peut rester fidèle à lui-même lorsque la société exige autrement, une question aussi pertinente maintenant qu’au temps de Shakespeare. Bien qu’il ne soit pas aussi accessible que des adaptations plus familières comme * Romeo et Juliet *, le film de Fiennes récompense ceux qui sont prêts à s’engager avec sa langue dense et sa vision sans compromis. Il s’agit d’un début audacieux qui ne simplifie pas son matériel source, au lieu de faire confiance au public pour s’attaquer à ses complexités. Pour les fans de Shakespeare, du drame politique ou tout simplement de la puissance, * Coriolanus * est une expérience convaincante, si vous les persiste longtemps après le générique.

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